Accueil-chercher

Editorial

Annexes

Analyse d'images

Logiciels

Astronomie

Physique

Pratique

Qui est Robert?

Questions?

 

Editorial

        Le Grand Oral est-il adapté aux spécialités scientifiques ?

Juin 2021

Les premières épreuves du Grand Oral de terminale viennent de se dérouler en France. C'est l'occasion de se pencher un peu sur leur adéquation possible avec une formation scientifique.

Pour les non initiés, un résumé peut-être utile: qu'est-ce que le grand oral?

C'est une épreuve de fin de terminale qui dure au total 20 min.

-Le candidat choisit 2 sujets portant sur l'une ou l'autre des 2 spécialtités qu'il a suivi dans l'année, les sujets peuvent être aussi transversaux

-Le jury choisit l'un des 2 sujets, l'élève le prépare pendant 20 min

-Il l'expose ensuite pendant 5 min, sans tableau ni image. Le candidat peut donner au jury une feuille sur laquelle il a porté ce qui lui paraissait pertinent

-Le jury le questionne pendant 10 min sur son exposé

-Le jury le questionne ensuite 5 min sur son projet d'orientation.

Cette épreuve orale est une bonne chose dans un contexte de formation: ce qui est bien compris doit pouvoir s'exprimer clairement. Mais si la durée de présentation semble brêve (5 min), sa difficulté est plus importante qu'il n'y paraît. Monologuer durant 5 min n'est pas une difficulté en soit, nos collègues littéraires y sont accoutumés. Mais les sciences ont une spécificité: elles sont basées sur l'expérimentation et sur l'observation. La seule possibilité pour le candidat est de les faire apparaître sur la feuille fournie en début d'épreuve au jury: est-il pertinent d'y placer des mesures, des données, des graphiques, des schémas?... C'est le seul moyen disponible de toutes façons...

Le bon sens serait de permettre aux candidats de présenter des images ou des mesures au tableau, au fur et à mesure de son exposé, lorsque la logique l'impose, plutôt que de fournir une feuille de brouillon, où sont rédigés à la va vite, quelques shémas succints ou graphiques tracés à la main... On pourrait s'attendre, à notre époque numérique, à une utilisation adaptée de supports un peu plus modernes, et cohérents avec le monde scientifique d'aujourd'hui.

L'effet pervers de ce système n'a pas tardé à se faire sentir, deux catégories de présentations semblent émerger: La récitation scientifique (un élève récite les avancées de la radiothérapie, ou énumère la liste des paramètres initiaux d'un lancement de ballon lors d'un tir au panier de basket...) ou l'histoire scientifique (comment évoluent les étoiles ou l'épopée de la conquète spatiale...). Dans les deux cas, l'exposé de connaissances encyclopédiques devient la norme, plus que l'argumentation et le raisonnement logique.

Ainsi, pour de nombreux élèves insouciants, la péparation est relativement rapide: Youtube et autres réseaux proposent à foison des exemples de présentation, qu'il suffit d'apprendre par coeur, pour entrer dans le moule de l'épreuve. Et ça suffit très souvent... Jusqu'à ce que le jury commence à poser des questions sur ce qui tourne autour du sujet, et là, un élève mal préparé ou aux connaissances insuffisantes commence à être repéré...

Il faudrait pouvoir rendre plus stimulante cette épreuve pour un élève, et pour cela plusieurs pistes sont possibles:

-C'est le jury qui propose plusieurs sujets de présentation possibles à l'étudiant, qu'il ne connaît pas à l'avance. Il construit alors un petit exposé de 5 min sur le sujet choisi (il le prépare pendant 20 min)

-C'est l'élève qui apporte plusieurs sujets, mais basés sur la présentation d'une image de science (un dispositif expérimental, un graphique de mesures, une photo parlante d'un phénomène naturel etc...). Le jury choisit le sujet, le candidat présente son exposé concernant le document choisi.

-Le candidat présente une question scientifique qu'il s'est posée, et à laquelle il a répondu par des expérimentations réalisées au cours de l'année, seul ou en groupe (ce qui le rapproche des TPE qui pouvaient se baser sur une véritable démarche scientifique)

On doit pouvoir imaginer d'autres formats, plus adaptés que l'original...

Finalement, est-ce qu'il est possible d'inventer une épreuve réellement commune à tous les bacheliers, quelle que soit la spécialité qu'ils choisissent? Peut-être... Mais ce serait dommage. Cette épreuve gagnerait beaucoup en richesse si sa structure était adaptée aux colorations choisies par les élèves. Pourquoi donner de la souplesse dans leurs choix si c'est pour leur imposer une épreuve finale rigide?

PhB