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        Un satellite en fin de vie contre des neutrinos trop rapides...

Octobre 2011

Il s'appelle UARS, et il est retombé sur Terre fin septembre. Personne ne l'a vu, mais tout le monde en a parlé.

Le problème semblait simple, ce gros satellite, hors service depuis quelques années, finissait par perdre la partie contre les frottements de la très haute atmosphère. Le résultat était un retour sur Terre, fortement abrasif. Ce qui a beaucoup fait jaser, c'était l'impossibilité de la NASA à prédire son point de chute. Et oui, la tache est réellement extrêmement complexe, puisqu'elle dépend de la structure de la haute atmosphère, de l'activité solaire (capable de dilater les gaz ténus de grande altitude), de l'orientation du satellite (qui culbutait sur lui-même). Et la moindre erreur de calcul prend vite de l'ampleur aux vitesses en jeu: 1 minute de plus ou de moins sur la date d'entrée dans l'atmosphère et c'est plus de 500 km parcourus ou pas par le bolide. Tout ça pour dire que la prédiction, même pour les ordinateurs de la NASA, sur des trajectoires très tangentielles relève de la plus haute voltige. Les premières annonces de l'organisme américain précisaient très honnêtement qu'il serait extrêmement difficile de prévoir l'heure et le lieu d'arrivée de l'engin, mais que ça ne serait pas sur le territoire des USA...

Alors comme la NASA n'y parvenait pas, tout le monde a essayé. Le Web s'est révélé être un instrument épatant de propagation de toutes les rumeurs, de toutes les hypothèses, jusqu'aux fausses observations. En voici quelques exemples:

22/09/2011 www.cidehom.com
Seules, dans le sud-est, Marseille et la côte d’Azur seront survolées en enfilade au début de la deuxième orbite potentiellement (et probablement) fatale d’UARS. Avouons-le, la probabilité est faible pour que cette zone soit finalement celle de la retombée, et tous les calculs pointent vers une retombée un peu plus tardive, plutôt vers l’ouest de l’Océan Pacifique, non loin de la fosse des Mariannes, un point de chute idéal en terme de risque pour les populations.

23/09/2011: France soir
Le Piémont, la Lombardie, le Val d'Aoste, la Ligurie, le Trentin-Haut Adige, la Vénétie et la partie ouest de l'Emilie-Romagne. C'est dans ces régions du Nord de l'Italie que pourrait peut être tomber le satellite américain Uars sorti de son orbite spatiale. L'impact avec la Terre est prévu ce vendredi mais le point d'impact demeure encore une énigme. Après l'Angleterre, c'est donc l'Italie qui est désignée.

23/09/2011 FR3 Languedoc-Roussillon
Selon Alain Cirou, Directeur de la rédaction de "Ciel et Espaces", le sud de la France et plus particulièrement Perpignan seraient menacés.

24/09/2011 news.cnet.com
We're generally skeptical of any video of strange lights in the sky, but this one is worth a gander. A family in Okotoks, Alberta (a suburb of Calgary) believes they caught footage of the fiery death spasms of NASA's UARS satellite, parts of which returned to earth early Saturday morning after two decades in orbit.

24/09/2011 fr.canoe.ca
Les rumeurs lancées samedi matin ont soudainement donné beaucoup de visibilité à la petite ville albertaine. «Le Wall Street Journal m’a appelé à 6 h 25 du matin», a affirmé en riant le maire d’Okotoks, Bill Robertson. La GRC a aussi été inondée d’appels.
«On a reçu des appels de CNN, de Fox, de National Geographic, du Japon, de Londres », a indiqué le sergent Patrick Webb, de la GRC. Des gens d’Ottawa ont également dit avoir vu des morceaux du satellite tomber du ciel vendredi soir, mais rien n’a été prouvé non plus dans ces cas.

24/09/2011 www.euroinvestor.fr
Les quelques morceaux du satellite désaffecté de la NASA qui survivront à la rentrée tomberont probablement dans l'océan ; toutefois la côte Ouest des États-Unis se trouve dans la zone de dispersion prévue. La chute de matériaux ne devrait poser que très peu de risques pour les biens et les personnes.

24/09/2011 NASA
Scientists could not say exactly where or when 26 pieces from their bus-sized research satellite (UARS) may land. But a solar flare blast changed its path — pinging it broadly on course with the US. Nasa said: "There is a low probability any debris that survives re-entry will land in the United States."

Sans compter les vidéos postées sur Youtube de tous les rigolos filmant de pseudo-rentrées atmosphériques en tous lieux.

Finalement, quelques jours plus tard, il semble que les morceaux soient retombés dans le Pacifique Sud, du côté des Iles Samoa...

Et pendant tout ce délire, un évènement discret pourrait se révéler très lourd de conséquence, infiniment plus que quelques morceaux de tôle dispersés dans l'océan: Un équipe du CERN semble avoir observé qu'un faisceau de neutrinos volait plus vite que la lumière...

Les neutrinos sont vraiment mes petites particules préférées. Elles ont d'abord été inventées juste parce que lors d'une transformation nucléaire, il ne semblait pas y avoir conservation de l'énergie. Pour que ce grand principe soit maintenu, il fallait imaginer qu'une petite particule, quasiment indétectable, emportait l'excédent d'énergie avec elle. La bestiole a donc été inventée de toute pièce, de façon très artificielle et un peu en désespoir de cause, avant qu'elle ne soit finalement réellement observée... Aujourd'hui, on s'interroge encore sur sa masse, qu'elle semble bien avoir, mais l'animal est tellement évanescent que sa pesée est pour l'instant fort difficile, et c'est peu de le dire.

Hors donc, les physiciens du CERN émettent un faisceu de neutrinos, en direction d'un laboratoire situé en Italie, dans l'Aquila, à l'Est de Rome, 730 km plus loin en ligne droite. Vraiment en ligne droite, sans suivre la courbure de la Terre, celle-ci est en effet plus transparente pour les neutrinos qu'une fine lame de verre pour la lumière. Et voilà que ces neutrinos de course arrivent 60 nanosecondes plus tôt que ne l'auraient fait des photons (grains de lumière) dans le vide... L'écart n'a pas l'air énorme, mais toutes les secondes, les neutrinos prennent plus de 7 km d'avance sur la lumière tout de même.

Et le pire, c'est que toute la relativité d'Einstein est fondée sur le caractère infranchissable de la vitesse de la lumière. Et si c'était la 1ère fissure de l'édifice jusqu'à présent particulièrement robuste qu'est la physique relativiste? Ce pourrait être une formidable nouvelle et une splendide remise en question, riche d'avenir!...

Mais ne nous emballons pas, tout doit encore être re-vérifié, re-mesuré et reproduit dans d'autres labos avant de tout casser. Quoiqu'il en soit, ces neutrinos n'ont pas fini de surprendre, peut-être bien plus que les vieux débris spatiaux...      

PhB

 

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