Editorial

            Lorsqu'on parle de culture dans les médias, il s'agit habituellement de Littérature, d'Art, de Cinéma ou de Musique. Rarement, il viendra à l'idée des animateurs ou des journalistes d'y associer la Science.

            Est-ce bien normal qu'en ce XXIème siècle débutant, la Culture Scientifique fasse autant figure de parent pauvre? Cette dichotomie est probablement un reflet de l'opposition entre le monde des émotions et celui du rationalisme. La science ne traite pas des émotions ni de la beauté, ce qui la relègue au second plan du domaine Culturel.

            C'est un fait, la Science repose sur l'observation froide et objective du monde qui nous entoure. Les scientifiques bâtissent des modèles de notre monde en mettant sous la nappe tout ce qui a trait au registre de l'émotionnel.

            Du moins, c'est ce que l'enseignement des Sciences tend à faire croire... Mais c'est oublier un peu vite que la réflexion scientifique est conduite par des humains, gouvernés par des émotions et des sentiments. Les initiations aux Sciences ne font pas la part assez belle aux femmes et aux hommes qui les construisent. Ceux-ci ne sont pas des machines insensibles à la beauté, à la subtilité ou parfois à la rouerie de la nature qu'ils observent. Mais ils ne sont pas toujours très habiles à décrire leur ressenti. Les descriptifs techniques, avec leur vocabulaire plus rigoureux, leurs sont plus familiers. Mais l'histoire a retenu les écarts "alimentaires" de Kepler vers l'astrologie, les légers "arrangements" des mesures de Galilée, ou encore la passion amoureuse de Lalande...

            L'Histoire des Sciences nous révèle les tortueux chemins de la pensée humaine pour comprendre les fonctionnements de notre monde: ce n'est pas un cheminement linéaire et heuristique, mais un parcours chaotique et tortueux. La Culture Scientifique existe vraiment, ce n'est pas simplement une collection de faits aboutis, mais surtout une compréhension (forcément parcellaire) de ses mécanismes de construction, qui sont eux, profondément humains.

PhB

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