Editorial

    Des tas de choses me fascinent. La physique et l'astronomie sont bien placés, vous deviez vous en douter, mais aussi la géologie, la paléontologie, la botanique, la science-fiction, la pâtisserie, l'élevage des abeilles, l'évolution des espèces... Toujours en amateur, dans le sens originel du terme: "celui qui aime..."

Ainsi, je suis tombé en arrêt devant cette image:

    Pas des plus follement attrayante la bestiole, un genre de limaçon de 5 cm de long, voilà tout. Là où ça devient plus gouleyant, c'est quand on apprend que l'animal arpentait benoîtement le fond de l'eau il y a la pacotille de 530 millions d'années. Ne cherchez pas autour de vous dans les marigots, la bête a disparu depuis belle lurette. Certes, c'est déjà un bel exploit d'avoir laissé une trace jusqu'à un demi milliard d'années dans le futur (mes chaussettes sont déjà dans l'incinérateur et elles n'ont pas un an), mais en plus, notre sympathique mascotte est notre grand-père à tous (ou grand-mère, mais l'image n'est pas assez détaillée ici...).

    Je vous sens perplexe, non? Sans compter que, cerise sur la gâteau, quand on dit "à tous", cela va de la sardine au condor, en passant par le hamster, le lézard et le courtier en assurances. Un slogan plus confraternel que celui-là, vraiment, je ne vois pas.

    Le moment culturel est arrivé: ce n'est pas un vulgaire limaçon, mais un digne représentant (le tout premier d'ailleurs) de l'embranchement des Chordés. Cela se voit à son axe central, qui deviendra beaucoup plus tard, dans la suite de l'évolution, une colonne vertébrale. Il s'appelle "Pikaia". C'est donc l'ancêtre des vertébrés, dont nous faisons fort modestement partie.

     On admet communément qu'il existe aujourd'hui environ 1% de toutes les espèces ayant jamais existé sur Terre. Certains des descendants de Pikaia ont courageusement survécu à près d'une trentaine d'extinctions massives en suivant une diversification difficilement imaginable. D'où la question que l'on peut se poser "et après, quel sera le cours de l'évolution?..."

     L'évolution des espèces vivantes est à imaginer comme un buisson foisonnant: des rameaux croissent, se scindent, meurent ou bourgeonnent. L'espèce humaine est un petit rameau, encore bien court (quelques dizaines de millions d'années pour les primates, contre 10 fois plus pour les dinosaures par exemple...) qui apprend à modifier son environnement, mais qui ne maîtrise encore pas grand chose de son avenir. L'histoire géologique nous montre que toutes les espèces finissent par disparaître. Aurons-nous des descendants, ou bien serons nous simplement éliminés d'un revers de météorite ou d'épidémie? Bien malin qui saurait le dire. L'intelligence pourrait disparaître de l'écosystème... et réapparaître sous une forme aussi différente que Pikaia l'est d'un kangourou... En effet, si les auteurs de science fiction ont souvent tendance à imaginer des successeurs à une humanité disparue sous forme d'insectes (ou de pieuvres ou de ragondins) devenus intelligents, il est plus que probable que ce sera quelque chose de nouveau. Alors, pas la peine de piocher dans les 99% d'espèces déjà essayées par la nature, les loosers n'auront pas de deuxième chance. Je serais vraiment curieux de savoir ce qu'elle va trouver.

    Quant à notre propre espèce, aurons nous la chance d'avoir laissé une trace fossile encore lisible dans 500 millions d'années?... Libre à chacun de l'imaginer.

PhB

ps: Si l'évolution vous questionne, lisez du Stephen Jay Gould, qui donne une vision particulièrement intelligente, à mon sens, des connaissances en ce domaine. Il nous a malheureusement quitté trop tôt.

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