Editorial
Pourquoi est-ce que l'avenir n'est plus ce qu'il était? |
Septembre-Octobre 2005 |
"Cosmos 1999" vous connaissez? C'était une série de Science-fiction qui passait à la télévision dans les années 70. Il fallait un évènement majeur pour que je rate un épisode, et il est bien possible que ma passion pour la SF date de cette époque. |
Pour ceux qui n'auraient pas eu la chance de s'émerveiller devant la capacité de réaction du commandant Koenig, chef de la base Alpha sur la Lune, voici l'idée directrice: Notre satellite naturel sert alors de centre de stockage de déchets nucléaires, sous la supervision de l'équipe de cette fameuse base. Mais voilà qu'un beau jour, une explosion accidentelle survient, et, pour des raisons qui nous dépassent tous, la Lune quitte son orbite, un peu notre univers par la même occasion, et rencontre des tas de situations totalement ahurissantes. Une par épisode.
Passons sur l'histoire elle-même, pas vilainement ficelée, et sur les effets spéciaux, pour lesquels on a déjà vu bien plus mauvais, dans un passé pourtant plus récent. Ce qui compte, c'est le moment où les aventures commencent: 13 septembre 1999!
Et oui, en 70, on pensait que la Lune possèderait au moins des installations industrielles permanentes dans moins de 30 ans. Il faut dire qu'on sortait à peine des missions Apollo. Alors, on a prolongé l'idée.
Et en 2005, on a bien du mal à faire fonctionner une seule malheureuse petite station orbitale...
Il semble bien que nous manquions d'imagination pour inventer l'avenir. Nous nous contentons régulièrement d'utiliser un phénomène ou une technologie connue, d'en multiplier ses capacités par un facteur supérieur à 1, et de regarder ce que ça donne. Par exemple, on pense aller sur la Lune emporté par des gouttes de rosée s'évaporant au Soleil, ou bien propulsé par un obus tiré par un canon gigantesque, mais pas vraiment par un vaisseau à moteur fusée, qui se démonte au fur et à mesure de son ascension.
Si on avait pensé à demander à Christophe Colomb de rêver l'avenir de la traversée de l'atlantique, il aurait sûrement imaginé un immense navire aux dizaines de mâts, voguant aussi vite que le vent, et peut-être même encore plus vite, du moins, arrivé au huitième verre de verveine améliorée. Mais il aurait fallu qu'il se plonge la tête dans le tonneau pour imaginer un Airbus A380.
Dans la littérature de Science-fiction des années 50, on trouve des robots et des vaisseaux spatiaux, mais pas de téléphone portable, quasiment pas d'ordinateurs et encore moins de réseau informatique mondialisé. Comme si de grands pans de la technologie actuelle étaient restés imprévisibles jusqu'à leur apparition spontanée. Et curieusement, même des phénomènes sociaux comme le terrorisme organisé ou la montée des fanatismes religieux n'ont presque jamais été imaginés. Pourtant, le passé ne manquait pas d'exemples...
Alors, jouons aussi. Que sera demain? Plus besoin de claviers d'ordinateurs ni d'unités centrales vrombissantes. Les processeurs seront intégrés directement dans nos cerveaux, et ils s'échangeront des informations par radio, en permanence. Par la pensée, nous demanderons des infos, une route à suivre, ou une émission divertissante, qui sera directement relayée à notre cortex visuel (ou autre)... Mais là, je reproduis la démarche de tous ceux qui s'y sont essayé avant moi: j'extrapole des concepts déjà existant ... Ca ne va pas marcher, c'est sûr, l'avenir est certainement beaucoup plus inventif que ça.
Espérons qu'il soit également plutôt du genre optimiste.
PhB