Editorial
Prix Nobel et IgNobel 2011... |
Octobre 2011 |
Enfin les prix IgNobels sont là, avec leurs sujets de recherches loufoques, mais rafraichissants. Jugez vous-même:
Chimie: Makoto Imai, Naoki Urushihata, Hideki Tanemura, Yukinobu Tajima, Hideaki Goto, Koichiro Mizoguchi et Junichi Murakami, au Japon: Détermination de la quantité idéale dans l'air de parfum de Wasabi (un condiment asiatique) permettant de réveiller des dormeurs, en cas d'alerte incendie ou autre.
Psychologie: Karl Halvor Teigen de l'Université d'Oslo, Norvège: Recherche des raisons pour lesquelles, dans la vie courante, les gens soupirent.
Littérature: John Perry, de l'Université de Stanford, Etats-Unis: Théorie de la "procrastination structurés", qui explique comment remettre au lendemain ce que l'on aurait pu faire le jour même: Toujours travailler sur quelque chose d'important, ce qui permet d'éviter de faire quelque chose d'encore plus important.
Mathématiques: Dorothy Martin des Etats-Unis (prédiction de la fin du monde en 1954), Pat Robertson, des Etats-Unis (qui a prédit la fin du monde en 1982), Elizabeth Clare Prophet des Etats-Unis (prédiction de la fin du monde en 1990) , Lee Jang Rim de Corée (prédiction de la fin du monde en 1992), Credonia Mwerinde de l'Ouganda (qui a prédit la fin du monde en 1999), et Harold Camping des Etats-Unis (prédiction de la fin du monde le 6 septembre 1994, et qui plus tard, après correction, a prédit que le monde s'achêvera plutôt le 21 octobre 2011).
Physique: Perrin P, Perrot C, Deviterne D, Ragaru B, Kingma. Laboratoire d'Otorhinolaryngologie, Université de Nancy, France. Pour avoir expliqué pourquoi les lanceurs de disques se plaignaient souvent de vertiges et pas les lanceurs de marteaux.
Sécurité publique: John Senders, Université de Toronto dans les années 60. Pour avoir tenté d'évaluer, en conditions réelles, combien de temps sa vision pouvait être masquée lors d'une conduite sur autoroute, sans que cela nuise trop à la sécurité. Je vous conseille la vidéo...
Paix: Zuokas Arturas, le maire de Vilnius, en Lituanie, pour avoir démontré que le problème des voitures de luxe mal garées pouvait être résolu en les écrasant avec un char d'assaut.
Physiologie: Anna Wilkinson de l'Université de Lincoln, Grande Bretagne: Pour n'avoir pas pu établir de preuve que le baillement était contagieux chez la tortue charbonnière (Geochelone carbonaria)
Biologie: Daryll Gwynne de l'Université de Toronto et David Rentz de l'Université James Cook à Townsville, Australie. Pour la découverte d'une espèce de cafard qui tente régulièrement de copuler avec certaines marques de cannettes de bière.
Médecine: Mirjam Tuk (Pays-Bas et Grande Bretagne), Debra Trampe (Pays-Bas) et Luk Warlop (Belgique). Ainsi que Matthew Lewis, Peter Snyder and Robert Feldman (USA), Robert Pietrzak, David Darby, et Paul Maruff (Australie): Pour avoir montré que l'on prenait de meilleurs décisions lorsqu'un besoin urgent d'uriner se faisait sentir.
Mais tout de même, n'oublions pas les vrais Nobel! Cette année, il revient conjointement à Saul Perlmutter de Berkeley, USA, Brian P. Schmidt de l'Université Nationale Australienne et à Adam G. Riess à l'institut du Telescope Spatial, Baltimore, USA. Ce sont les premiers, en 1998, grâce aux images du telescope orbital Hubble, a avoir mis en évidence l'accélération de l'expansion de l'Univers. Phénomène fortement surprenant, dont l'explication reste encore à trouver...
Un côté amusant de l'affaire est la façon dont elle est traitée dans les médias. Autant les Nobel de médecine ont vus leurs travaux longuement décrits, assortis de termes très techniques, autant les recherches de nos trois astrophysiciens, probablement trop innaccessibles, ont été sommairement décrites: en indroduction, sur France Inter, la journaliste qualifiait les lauréats de spécialistes de l'Univers. Vous apprécierez le sympathique paradoxe de l'expression...
PhB