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Editorial

       Comment distinguer une science d'une croyance?

Novembre 2003

  

             Certaines croyances se déguisent en science et... réciproquement...

             Exemple traditionnel: l'astrologie. Pendant bien longtemps indissociable de l'astronomie, l'astrologie possède bien des similitudes avec une science. Elle possède son vocabulaire, sa méthodologie, ses observations (même si l'ordinateur remplace l'observation réelle). Comme l'astronomie non?... De plus, beaucoup de gens en sont très satisfaits et modifient leur ligne de conduite en fonctions de leurs thèmes astraux. Cela doit donc bien contenir une base sérieuse.

             Si les positions et les vitesses des planètes sont connues à un instant, la théorie Newtonienne permet de prévoir leurs futures positions, avec d'autant plus de précision que les observations initiales sont précises. De même, l'observation des positions planétaires prévoit pour chaque humain ses tendances pour l'avenir, en appliquant un arsenal théorique affûté de longue date.

             Là où une divergence commence à apparaître, c'est dans la confirmation des résultats. Chaque astronome peut vérifier si les planètes occupent bien l'emplacement prévu par la théorie en vigueur. Alors que seul l'individu concerné peut vérifier la pertinence des tendances prévues pour son propre compte. Heureusement pour nous, l'astrologie peut faire des prévisions sur des groupes de personnes, les membres d'un même signe zodiacal par exemple, ce qui permet des études statistiques sur le réalisme des prédictions. Et là, la théorie s'effondre... Les prédictions réalisées sont toujours compatibles avec des prévisions aléatoires. Autrement dit, la théorie astrologique ne possède aucun caractère prédictif. Si le modèle Newtonien de la gravité se comportait ainsi, il aurait été abandonné depuis bien longtemps. Même le modèle de Ptolémée avait un pouvoir prédictif considérablement plus important.

            C'est ce qu'Einstein a baptisé le "principe de réfutation", repris ensuite par Popper. Toute théorie scientifique doit être capable de faire des prédictions qui puissent être confirmées ou contredites. Par exemple, le modèle Newtonien prévoit qu'un satellite doit être placé à 36000km de la Terre avec la bonne vitesse pour qu'il reste en permanence au-dessus d'un même point de l'équateur terrestre. Ce qui est vérifié par la pratique. Donc, tout va bien. Newton prédit aussi qu'un rayon lumineux peut être dévié d'un certain angle en passant près du Soleil. Or l'angle observé est le double de celui calculé par le modèle. Celui-ci est donc ainsi réfuté: l'une de ses conclusions est fausse, il doit être revu. Dans ce cas, il a carrément été remplacé par la théorie Einsteinienne de la relativité, qui pour l'instant, n'est pas contredite...

            Parfois, le camouflage est plus subtile. Ainsi, on constate que l'Univers est en expansion. On fait actuellement de très fines mesures dans le but de savoir si l'expansion finira par se transformer en contraction, si l'expansion continuera indéfiniment, ou bien si elle sera dans un état intermédiaire, c'est à dire de vitesse d'expansion nulle dans un temps infini. Il semble bien bien que l'Univers "plat" de la troisième version soit le mieux placé actuellement. Ce qui constitue un hasard extraordinaire: l'Univers possèderait le jeu unique de propriétés le rendant plat, parmi toutes les possibilités de recontraction ou d'expansion à l'infini. C'est un peu comme si en jetant un caillou en l'air vous obteniez par hasard exactement la vitesse de libération limite de 11,2 km/s nécessaire pour que sa vitesse soit nulle à l'infini. Prodigieux et très suspect hasard...

            Le principe anthropique "fort" a été alors créé pour l'occasion. L'Univers a été conçu avec ce jeu de propriétés pour que nous puissions l'observer. Recontraction trop rapide et la vie n'a pas le temps d'apparaître, trop vive expansion et les atomes sont séparés avant de donner naissance à des étoiles et des planètes... Seule et unique prédiction de ce modèle: Nous existons. Nous voilà bien... Le principe anthropique "faible" est moins prétentieux: il se contente de déclarer que si les propriétés de l'Univers avaient été différentes, on ne serait pas là pour l'observer... Ce qui ne nous avance guère. Ce n'est plus de la science, on se contente d'y croire ou pas, puisque par construction, aucune conséquence (à part notre existence...) ne peut être vérifiée. A moins de prouver l'existence du créateur... Mais avant qu'une religion ne devienne une science...

PhB

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