Editorial
Résultats de TIMSS 2015: Les capacités scientifiques des élèves de terminales |
Décembre 2016 |
TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study) est un organisme qui effectue des statistiques sur les niveaux scolaires des étudiants dans le monde, un peu à la manière de PISA, mais en plus spécifique puisque plutôt tourné vers l'enseignement des sciences. TIMSS se concentre sur les acquis d'élèves à plusieurs niveaux, notamment les grades 4 (CM1 en France), et les "advanced" ou grade 12 (niveau terminale en France).
Les résultats publiés cette année sont plutôt troublants, et méritent d'être comparés à la version de 1995. Voyons surtout le cas de la terminale scientifique ("Mean Achievment" = "score moyen"):
Mathématiques en Terminale S, 1995 | Physique en Terminale S, 1995 |
La France s'en sortait très bien en maths en 1995, en tête de tableau, alors que la physique était déjà à la traine, en dessous de la moyenne.
Comment les choses ont-elles évolué depuis?
Mathématiques en Terminale S, 2015 |
Physique en Terminale S, 2015 |
Cette fois ci, en maths, la France passe en-dessous de la moyenne, alors qu'en physique, on touche le fond.
Cependant, une nuance important doit être apportée: l'axe horizontal de ces deux graphiques représente le pourcentage d'élèves de terminale concerné par un programme de maths ou de physique "avancé". Il est de 22% en France dans ces deux matières, mais ce n'est pas forcément pareil pour les autres pays. Ainsi, les voies les plus sélectives obtiennent-elles globalement sans surprise les meilleures réussites.
Le côté rassurant, c'est que la baisse du niveau des acquis des élèves de TS peut être imputée à une plus large ouverture à de nombreux élèves pas forcément motivés par les sciences. Mais est-ce que c'est vraiment si rassurant que ça?
Les pourcentages de réussite au bac augmentent tous à un bon rythme, y compris le bac S, qui se situe en haut de la grappe des résultats. Mais comment concilier cette progression, avec une baisse des acquis des élèves? Le bac n'évalue que ce qui est enseigné aux élèves, et on voit bien qu'ils en savent de plus en plus... sur de moins en moins de domaines de connaissances scientifiques enseignés. Voyez plutôt:
L'électricité a quasiment disparu des programmes dans le cycle terminal français, l'électromagnétisme également, et la physique nucléaire est surtout abordée de façon "culturelle". Cela fait quelques gros morceaux en moins tout de même.
Pour finir, un petit graphique auquel on peut faire dire beaucoup de choses, mais sur lequel chacun peut se forger une opinion:
Vous y voyez pour chaque pays, les pourcentages d'élèves aimant un peu, beaucoup ou pas du tout la physique, ainsi que leur score à TIMSS. On peut y voir, au choix, que les français apprécient la physique qui leur est enseignée, mais n'ont pas de bons résultats aux tests internationaux parcqu'ils n'ont pas appris ce qui était testé, ou bien que c'est une forte proportion d'élèves n'aimant pas la physique, qui plombe les résultats internationaux...
Et alors, que faire? Il me semble qu'il n'y a pas d'autres choix que de refondre les fillières de la fin de secondaire. Il faudrait les rendre plus spécialisées, en n'empêchant pas une légère coloration par quelques options bien choisies. Mais la quantité d'enseignements pratiqués en fillière S nuit à la perception qu'en ont les parents, qui la voient comme une série généraliste, qui peut "servir à tout".
Les maths portent une lourde responsabilité dans la baisse du niveau en science, dès les petites classes (le rapport TIMSS est accablant en maths, pour les CM1), avec des programmes qui s'écartent du concret et perdent en rigueur et qualité de raisonnement: la physique ne peut qu'en subir les conséquences.
Il n'y a aucune honte à spécialiser davantage les élèves en lettres, ou en économie ou en sciences dans le cycle terminal, mais surtout sans oublier tous ceux qui souhaitent et sont motivés par l'apprentissage rapide d'un métier, avec des spécialisations propres à ces choix. Le collège unique montre ses limites, il ne peut pas continuer à produire des bacs plus 5 qui ne peuvent accéder qu'à des emplois peu qualifiés, qui ne sont donc plus accessibles à ceux qui les envisageaient. Ce n'est pas être éliste que de vouloir fournir une formation adaptée aux goûts et demandes des élèves, en adéquation avec les besoins d'une société qui évolue.
L'étude TIMSS révèle les problèmes en sciences, cela doit servir de déclencheur à une véritable politique de modification plus générale de l'enseignement et de ses contenus: un recentage sur les savoirs et les raisonnements est urgent.
PhB