Pourquoi les Patelles s’usent-elles toujours par la pointe ?
Oui, le sujet est un peu pointu (même pas fait exprès alors...), je l’admets. Mais vraiment, baladez-vous comme moi sur une plage Bretonne (c’est un exemple…), et vous ne manquerez pas de remarquer ces sympathiques gastéropodes au doux regard, dont les coquilles parsèment le sable. Pour vous les resituer dans leur contexte, en voici quelques exemples :
Version en pleine santé, dynamique et avide de connaître le monde : la Patelle, collée sur son caillou, en famille, a marée basse. | |
Coquille de Patelle, posée sur le sable. Remarquez les traces d’usure sur la pointe. C’est ce qui va nous amener au sujet du jour. | |
Cette coquille-ci, est très usée, de façon caractéristique: la pointe disparaît la première. Pourquoi donc ce morceau en particulier? Et ce n’est pas un exemple soigneusement sélectionné afin d’illustrer le sujet, c’est effectivement la situation d’érosion la plus fréquente. |
Comment expliquer ce curieux phénomène ? Je n’en sais trop rien pour être honnête… Cependant, Ginette m’a fait une suggestion qui semble digne d’attention. En voici la teneur :
Quand une Patelle meure et se pose sur le sable, sa position la plus probable est celle dans laquelle elle a été photographiée: pointe en haut . En effet, si elle se posait pointe vers le bas, le courant, les vagues, auraient tôt fait de la retourner. Pointe en haut, au contraire, un courant laminaire ne peut que la plaquer davantage au sol.
Une fois dans cette position, les grains de sable charriés par le vent ou par l’eau, pourraient abraser n’importe quelle face de la coquille, mais là où les grains voyagent le plus vite, c’est justement un peu plus haut, pas au raz du sol. Ainsi, la pointe sera heurtée par des grains plus rapides que ceux qui circulent à la base, l’érosion y sera alors plus efficace. De plus, les flancs peuvent facilement être protégés par un dépôt de sable, pas le sommet… Un ami biologiste me fait part d'une remarque pertinente: la partie la plus ancienne de la patelle est sa pointe, puisque c'est par là que sa croissance a commencé, c'est donc un argument supplémentaire allant dans le sens de la disparition de la pointe. |
Ce phénomène d’usure commence-t-il alors que la coquille est encore bien vivante? Ou alors, serait-ce une cause de mortalité chez ces animaux? A moins qu’elles ne parviennent à consolider la coque au cours de leur vie? Combien de temps faut-il à l’érosion pour trouer les coquilles? S’usent-elles toutes aussi vite? Est-ce un moyen d’estimer la durée de séjour dans le sable d’une Patelle?...
Fascinants sujets n’est-il pas ? Si quelqu’un connaît certaines des réponses, je suis preneur…
Des statistiques rigolotes peuvent êtres tentées à propos des patelles : Dans la zone balayée naturellement par les vagues, des comptages (probablement pas représentatifs…) donnent un peu moins de 70% de ces coquillages ayant la pointe en l’air. Par contre, si on se contente de les lancer en l’air à la façon d’un jeu de "Pile ou face" marin, 20% seulement se retrouvent pointe en l’air. Ce qui paraît normal vu l'aérodynamisme de l'objet dans le cas d'une chute. Il y a donc bien un mécanisme secondaire qui se charge de retourner une grande partie des coquillages une fois qu'ils sont au sol: le vent, ou les vagues. Il y a donc là un moyen facile de distinguer une plage ou les éléments ont joué leur rôle pendant assez longtemps, d'une autre où des enfants par exemple, auraient lancé en l'air toutes celles qu'ils trouvaient.
Hem, bon... application n'ayant guère de retombées économiques majeures, mais bon...