Galilée

Galilée est professeur de Mathématiques. Il se doit d'enseigner les théories de l'époque, notamment l'astronomie de Ptolémée et la philosophie d'Aristote, tout en restant, bien sûr en conformité avec les textes des saintes écritures.

Cependant, Galilée est de moins en moins attiré par le "monde de papier" (les philosophies d'Aristote) et de plus en plus par le "monde sensible" (celui que l'on enregistre par nos sens et que l'on interprète). Ainsi, il devient un véritable expérimentateur, contrairement à ce que pensent encore beaucoup d'historiens des Sciences.

Copernic a déjà ouvert la voie, en plaçant le Soleil au centre de l'univers, mais il a pris bien des précautions en précisant que son hypothèse n'est qu'un moyen de simplifier les calculs, il ne prétend pas reproduire la réalité. En effet, dans la Bible, lors de la bataille de Gabaon, c'est bien le Soleil qui est immobilisé presque une journée sur la demande de Josué à Yahvé, et non pas la Terre à qui il est demandé d'arrêter de tourner.

Tycho Brahé, lui, sentait bien qu'il y avait un problème à placer la Terre au centre de l'univers, mais il se contente d'un modèle hybride: toutes les planètes tournent autour du Soleil, mais celui-ci tourne quand même autour de la Terre. Il justifie tout de même l'immobilité de la Terre en affirmant que si elle tournait autour du Soleil, on devrait voir les étoiles de l'arrière plan se déplacer par perspective. Ce qui est logique, mais sous-estime trop largement les énormes distances des étoiles.

Képler, l'élève de Brahé est certain que Copernic a raison, il découvre même la relation entre la distance au Soleil de la planète et sa période de révolution. Curieusement, pour lui, les comètes conservent des mouvements rectilignes, ce qui leur donne tout de même l'avantage de pouvoir "perforer" la sphère cristalline et immuable des étoiles fixes.

Dès 1597, Galilée entretient une correspondance amicale avec Képler, où il lui confie son ralliement à la théorie de Copernic, mais ne se sent pas encore le courage de publier quoi que ce soit à ce sujet: il n'a encore en effet guère d'arguments du "monde sensible" à avancer. Il est encore bien dangereux de s'opposer ouvertement aux écritures saintes: Giordano Bruno sera brûlé par l'inquisition à Rome en 1600, pour avoir soutenu des idées astronomiques trop anti-conformistes...

Mais en 1604, une nouvelle étoile apparaît dans le ciel!... La sphère des fixes ne semble donc pas si figée dans l'éternité et la perfection... Galilée donne quelques cours à ce sujet, il commence à diverger des thèses officielles.

Dès la fin du XVIème siècle des lentilles commencent, depuis la Hollande, à se répandre dans le monde. Elles servent de verres de corrections. Quelques premières longues-vues sont même fabriquées et utilisées. Galilée entend parler de cette invention et parvient à en fabriquer de bonnes qualités. Il tourne la meilleure d'entres-elles vers le ciel...

Il résumera ses découvertes dans "Le messager des étoiles", publié en 1610. Tous les arguments qui lui manquaient sont à sa portée: Le Soleil porte des taches et tourne sur lui-même; la Lune n'est pas une boule parfaite, mais possède vallées et montagnes dont on voit le sommet s'illuminer au lever du Soleil, comme sur Terre; La Voie Lactée est composée d'une multitude d'étoiles invisibles à l'oeil nu; Vénus possède des phases, elle tourne autour du Soleil; et enfin, 4 petites planètes tournent autour de Jupiter!... Ce livre n'est qu'un inventaire des découvertes de tous ces nouveaux mondes, aucune conclusion Copernicienne n'en est encore officiellement tirée: libre au lecteur d'en extraire ses propres hypothèses. Malgré tout on y trouve à propos de l'observation des satellites de Jupiter: "Maintenant, en effet, nous n'avons plus une seule Planète tournant autour d'une autre pendant que toutes deux parcourent un grand orbe autour du Soleil, mais notre perception nous offre quatre Etoiles errantes tournant autour de Jupiter, comme la Lune le fait autour de la Terre, tandis que toutes poursuivent ensemble avec Jupiter, en l'espace de douze ans, un grand orbe autour du Soleil."

Roberto Bellarmine

Mais l'inquisition commence à y regarder de plus près, notamment sous l'impulsion du cardinal jésuite Bellarmine (à gauche), qui a participé à la condamnation de Giordano Bruno... Heureusement, Galilée possède des soutiens politiques comme les Médicis, ou le cardinal Barberini (à droite).

Maffeo Barberini

Mais les idées commencent à faire leur chemin. En 1615, Bellarmine demande à Galilée de ne plus affirmer que la théorie de Copernic est une réalité, car elle s'oppose à la Bible. Mais Galilée veut se faire entendre sur un autre plan: lui aussi est un fervent catholique, il veut chercher à montrer que la thèse de Copernic et les textes sacrés ne sont pas incompatibles. Mais il ne peut convaincre la hiérarchie catholique, son acharnement lui vaut même un décret de l'inquisition: Plus de Terre tournant autour du Soleil ou c'est la prison.

En 1618, le pape meurt, son remplaçant est Barberini, qui devient le pape Urbain VIII. Galilée n'a pas oublié qu'il s'agissait un homme ouvert et favorable aux idées nouvelles. De celui-ci, il reçoit même l'autorisation de publier un livre comparant les systèmes de Ptolémée et de Copernic. Il met 4 ans à écrire ce livre, dont toutes les parties sont soumises à l'accord du pape au fur et à mesure de leur création: c'est le "Dialogue sur les deux grands systèmes du monde", il paraît en 1632.

Mais les proches du pape parviennent à lui faire croire qu'en fait Galilée s'est moqué de lui, et que l'un des trois personnages du livre, Simplicio, celui qui a tort en s'appuyant sur la philosophie d'Aristote, n'est autre que lui-même. Le pape devient furieux... Le livre est interdit, l'inquisition reprend son oeuvre.

A près de 70 ans, à Rome, Galilée est contraint d'abjurer toutes ses idées sous peine de tortures. En 1633, il est placé en résidence surveillée. Il a alors tout le temps d'écrire un livre ("Discours sur deux sciences nouvelles") qui est considéré comme le tout premier livre de Physique. Il est publié en Hollande quatre ans avant sa mort. Mais il sait que ses idées font leur chemin toutes seules...

Petite anecdote irrévérentieuse, le majeur de la main droite de Galilée, dressé vers le ciel, est maintenant exposé au Musée des Sciences de Florence en Italie (Museo Galileo), comme une manière de vengeance posthume...